Les activités de l’unité « Histoire digitale » (DH) du C²DH peuvent être divisées en trois catégories qui se recoupent : 1) la recherche et le développement de méthodes numériques ; 2) l’enseignement universitaire dans le cadre du Bachelor en cultures européennes et du Master en histoire européenne contemporaine et aussi des formations de compétences internes ; 3) la diffusion des activités scientifiques à travers des manifestations publiques et sites internet (« outreach »).
Soutenu par le Fonds National de la Recherche (FNR) et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) française, BLIZAAR est dédié au développement de visualisations hybrides de graphes multicouches dynamiques. Le C²DH se consacre plus particulièrement au domaine d’application qu’est le patrimoine culturel numérique. BLIZAAR facilitera l’analyse des mécanismes complexes qui sont en jeu au niveau des relations entre événements et entités.
En 2018, le travail s’est également poursuivi sur IMPRESSO, projet lancé en 2017, et consacré au développement de nouvelles méthodes d’évaluation de journaux historiques, la base de travail en étant un corpus numérisé de journaux et revues périodiques couvrant près de 200 ans. Il s’agit d’un projet commun du C²DH, du DHLAB de l’École polytechnique fédérale de Lausanne et de l’Institut de linguistique informatique de l’Université de Zurich. « Nous travaillons actuellement sur la première version de l’interface d’utilisation qui devrait être prête au cours de 2019 », annonce Marten Düring coordinateur du projet pour le C²DH.
Dans le contexte du projet IMPRESSO, Estelle Bunout est en charge d’un projet de recherche sur les débats sur la question européenne au Luxembourg et en Suisse dans la première moitié du XXe siècle. Elle utilise cet instrument numérique pour rassembler un corpus d’articles pertinents en vue d’une fouille de textes permettant d’identifier des sujets et des groupes de discours sur l’Europe.
Explorer des documents numériques en disposant d’un affichage parallèle, sous forme de texte XML-TEI d’un côté, d’un facsimilé de l’original de l’autre, peut être utile. C’est une telle double visualisation que rend possible le « Transviewer », interface développée par Florentina Armaselu et utilisée dans un cours de master pour de premières évaluations.
C’est à la même chercheuse du C²DH qu’on doit une application numérique dédiée à l’analyse de texte dans des corpus d’interviews d’histoire orale. Pour l’un des tests de l’application, une sélection d’interviews portant sur l’intégration européenne a été utilisée lors d’un cours de Master en histoire contemporaine européenne à l’Université du Luxembourg.
Les écrits et témoignages historiques parlent de leur objet à des échelles de grandeur (« scales ») variables, allant de mots et dénominations plus spécifiques à un niveau de généralité croissant. Une approche originale pour un projet de recherche mené par Florentina Armaselu et qui compte analyser des documents et écrits historiographiques où la microperspective se mêle à une perspective globale.
L’histoire digitale nécessite une approche multidisciplinaire où des spécialistes doivent travailler main dans la main au lieu de rester confinés dans leur tour d’ivoire. Comment cette collaboration entre les sciences humaines et les informaticiens a-t-elle lieu en pratique ? Et cette nouvelle manière d’aborder des sujets scientifiques a-t-elle une influence sur la manière de penser et de s’exprimer des historiens ? Questions globales auxquelles Max Kemman essaie d’apporter des réponses dans sa thèse de PhD, « les réponses pouvant être très diverses comme elles sont négociées au niveau local entre les intervenants, c’est-à-dire des institutions de recherche et autres partenaires », précise le doctorant.
Les membres de l’unité DH contribuent à plusieurs cours du Bachelor en cultures européennes et du Master en histoire européenne contemporaine, utilisant et promouvant les approches et méthodes numériques dans leur enseignement. C’est ainsi que Gerben Zaagsma a donné un cours sur « Les approches numériques dans l’histoire juive moderne » où les étudiants ont appris à utiliser les ressources numériques de manière critique dans ce domaine.
Dans le cadre d’un séminaire sur l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale, organisé par les Universités de Luxembourg, Trèves et Sarrebruck, les étudiants en master étaient appelés à développer des dispositifs narratifs numériques pour présenter leur travail de recherche. Un cours d’humanités numériques pour les étudiants en bachelor de l’Université du Luxembourg est également proposé par le C²DH pour la prochaine année académique.
Historien allemand du XIXe siècle, Leopold von Ranke est généralement vu comme l’un des pères de la critique des sources telle qu’elle constitue la base du travail historiographique. Il prête son nom à « Ranke.2 », une plateforme pour enseigner la critique des sources digitales qui requiert des connaissances spécifiques supplémentaires. Développée par Stefania Scagliola pour le C²DH, cette plateforme digitale a été lancée officiellement en octobre 2018. Elle comporte plusieurs niveaux d’activité adaptés aux différents types de cibles et leurs intérêts spécifiques : une entrée en matière ludique grâce à une courte animation ou un podcast, suivie des leçons proprement dites, d’exercices en partie plus poussés et d’un atelier où le travail se fait en groupe. Destiné à des contextes d’enseignement universitaire, le site Ranke.2 (https://ranke2.uni.lu/fr/) n’en est pas moins accessible à tous. Il a été officiellement lancé au cours d’une conférence internationale consacrée à l’herméneutique numérique en histoire, organisée par Gerben Zaagsma et qui a eu lieu en octobre 2018.
La recherche historique utilisant de plus en plus des réseaux numériques, le C²DH a décidé de combler une lacune dans l’échange d’informations. En 2018, a été publiée la seconde édition d’une revue numérique dédiée à ce sujet, le Journal of Historical Network Research (https://jhnr.uni.lu).
Un « wiki » sur l’histoire numérique est également en cours d’élaboration. En 2018, le C²DH a aussi reçu une subvention de la Rothschild Foundation Hanadiv Europe pour préparer et diriger le développement d’un portail internet sur les études juives à travers les sciences humaines numériques, projet regroupant aussi des partenaires d’autres pays européens, d’Israël et des États-Unis.
Finalement, dans le cadre de l’unité DH, Juliane Tatarinov est en charge des liens avec les autres unités du C²DH. Elle coordonne et apporte son aide à la formulation des projets de recherche en vue de demandes de subventions, participe aux collections numériques sur la Seconde Guerre mondiale et l’héritage industriel ainsi qu’à l’organisation des événements « outreach » tels que les Forum Z.
L’unité de recherche « Histoire contemporaine du Luxembourg » au sein du C²DH s’est donné comme objectif d’étudier des objets aux cadres temporels, spatiaux et théoriques variables, en vue de produire de nouveaux savoirs scientifiques sur des phénomènes et des processus qui ont profondément affecté le Luxembourg et dont la valeur comparative dépasse la perspective nationale : histoire de la formation de l’État-nation, histoire des deux guerres mondiales, des occupations du pays et de leurs héritages, de l’antisémitisme et de la Shoah, des collaborations, des résistances, tentatives autoritaires et démocratisation, histoire syndicale et histoire de l’État-providence, histoire des migrations, histoire des transformations sociétales et culturelles depuis les années 1970…
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