Contemporary history of Luxembourg

Atouts et faiblesses de Nodegoat dans le traitement et l'analyse des trajectoires migratoires des étrangers au Luxembourg et en France

Fiche d'arrivée d'immigrants à Dudelange
Traitement et analyse des déclarations d’arrivée des étrangers au Luxembourg à travers les archives de la commune de Dudelange, par le biais de l’utilisation de l’outil de l’interprétation et visualisation des données Nodegoat.

Arnaud Sauer, doctorant en cotutelle d’histoire (C²DH/Université du Luxembourg - École Normale Supérieure de Paris/IHMC sous la direction conjointe de Denis Scuto et Claire Zalc) a été invité à proposer deux présentations de ses recherches dans le cadre de la formation dispensée aux étudiants de Master en Histoire Européenne Contemporaine à l’Université de Luxembourg, dans le cours Histoire des migrations en Europe (XIXe-XXIe siècle) à l’initiative et sous la direction de Ass. - Prof. Dr. Denis Scuto et Prof. Dr. Machteld Venken. L’objectif du cours visait le traitement et l’analyse des déclarations d’arrivée des étrangers au Luxembourg à travers les archives de la commune de Dudelange, par le biais de l’utilisation de l’outil de l’interprétation et visualisation des données Nodegoat. Arnaud Sauer a participé dans ce cadre à la conception du projet et, notamment, à l’élaboration du masque de saisie des données en lien avec ses collègues Machteld Venken et David Jacquet.

À l’occasion de la première présentation, A. Sauer s’est appuyé sur son sujet de doctorat, qui porte sur l’étude des flux, mobilités et réseaux de la main-d’œuvre étrangère dans le bassin transfrontalier de la Minette durant l’entre-deux-guerres, pour mettre en avant l’apport et les limites de Nodegoat dans ce type de projet associant méthodes quantitatives et approche qualitative. Cet outil offre en particulier le moyen de croiser et d’agglomérer une grande masse de données, qu’elles proviennent d’une même source ou de sources du même type. De sorte que, selon l’approche privilégiée et l’échelle d’analyse souhaitée (macro, méso ou micro), Nodegoat permet d’étudier les trajectoires et comportements de grandes cohortes de populations, mais aussi de catégories et de groupes plus spécifiques (grâce à l’emploi de filtres autorisant le tri) ou encore d’explorer des cas individuels précis permettant une analyse fine des parcours de vie. Cet outil offre par ailleurs la possibilité d’associer à chaque individu des ressources « média » de natures très différentes (archives, photographies, hyperliens, etc.) en mesure d’enrichir les biographies individuelles dans une démarche prosopographique. En termes de limites, on citera en particulier le caractère rigide et complexe de cet outil ainsi que le maniement peu aisé des données saisies, notamment lors de la phase de l’analyse, nécessitant une longue période d’adaptation aux arcanes de Nodegoat. Autre difficulté majeure rencontrée, les inévitables lacunes des informations récoltées (dates ou lieux imprécis ou manquants) sont susceptibles de rendre caduque la spatialisation des parcours, ce qui nécessite un long travail de vérification des informations traitées afin de rendre l’interprétation géographique des mobilités dans Nodegoat le plus proche possible des sources.

La seconde présentation abordait la place et l’utilisation de Nodegoat dans le projet de recherche Légionnaires : Parcours de guerre et de migrations entre le Luxembourg et la France dont le chercheur fut la cheville ouvrière, et qui doit déboucher sur la création d’un site dédié développé par les équipes du C²DH. La visualisation sur une carte des lieux de naissance et de résidence de ces engagés, a révélé par exemple qu’une partie de ces hommes était née en-dehors du Luxembourg et que la quasi-totalité de ces Luxembourgeois résidait déjà en France (parfois depuis de nombreuses années voire leur plus jeune âge) lors de la déclaration de guerre. Ce constat vient contredire le récit national luxembourgeois qui veut que ces hommes aient quitté leur pays pour servir la France lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Le projet scientifique « Légionnaires » trouve sa concrétisation dans la publication d’un ouvrage collectif dont Arnaud Sauer est l’un des co-directeurs (en collaboration avec Sandra Camarda, François Reinert et Denis Scuto) et auteurs. Ce projet voit également son aboutissement dans une exposition multimédia immersive et multimédia, fruit de la collaboration entre le C²DH, porteur du projet ), et le Musée Dräi Eechelen à Luxembourg, exposition innovante qui sera visible dans ce musée jusqu’au 28 novembre 2021.