En prenant pour point de départ la neutralité de l’Internet, objet d’un vaste débat commencé aux États-Unis en 2003, cet article souhaite montrer que les questions techniques, celles qui portent sur les architectures et modèles de l’Internet, ont des implications économiques et politiques, et convoquent des valeurs et imaginaires puissants et divergents selon les acteurs. Ces réflexions ne peuvent être dissociées de celles sur les usages et les pratiques du Web et sur les rapports de pouvoir à l’œuvre dans l’économie Internet. Elles invitent à (re)penser la place de chacun des acteurs de la chaîne de l’Internet, des FAI aux usagers, en passant par celle des États, des autorités de régulation ou encore celle des citoyens, dans un écosystème à l’équilibre fragile et en perpétuel mouvement. Derrière le discours social que véhiculent les réseaux socionumériques, l’image d’horizontalité du Web 2.0, l’accent mis sur le partage et l’ouverture que permet Internet, celui-ci tend à se verticaliser, certains acteurs à se concentrer, et à cet égard « l’espace virtuel » est traversé par les tensions qui s’expriment dans la société réelle et matérielle.
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