De la poussière à la lumière bleue. Émotions, récits, gestes de l'archive à l'ère numérique

Chez de nombreux historiens et historiennes, Le Goût de l’archive d’Arlette Farge est une description quasiment incontournable du travail en archives, du moins en France. Toutefois, émerge depuis plusieurs années un décalage manifeste entre ce livre et l’expérience et la pratique historiennes de la recherche en raison de la montée du numérique. Cette dernière entraîne un changement profond du lien de l’historien.ne à ses archives. Se reposant sur le livre collectif en ligne Le Goût de l’archive à l’ère numérique (https://www.gout-numerique.net/) et sur une journée d’études organisée en 2018 aux archives nationales, cet article tente d’investiguer l’évolution du lien historien à l’archive, sous l’angle de l’émotion, des relations entre historien.ne.s et archivistes, des gestes qui se déploient autour de l’archive papier, numérisée ou née numérique. De la poussière à la lumière bleue, l’ensemble du métier d’historien.ne a évolué, de manière souvent discrète et implicite, ne serait-ce que par la pratique, récente, de la prise de vue en centre d’archives, qui s’est développée grâce à la popularisation des appareils photos numériques. L’émotion suscitée par l’archive est-elle toujours la même lorsqu’elle n’est plus qu’un cliché parmi de nombreux autres sur un disque dur ou lorsqu’elle transformée en données et publiée en ligne au sein d’un corpus ? Si l’émotion de l’archive n’est plus la même, l’interprétation que nous en faisons évolue-t-elle ? Quelle réflexion sur nos propres pratiques devons-nous développer pour enlever les œillères que forment les algorithmes des moteurs de recherche et des logiciels que nous utilisons désormais ?

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