Appropriation Processes in Theory and Praxis Modern Architecture Meets New Education: Renaat Braem's Design and the Brussels Decroly School (1946)

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les architectes R. Braem et J. Sokol furent invités à élaborer le projet d'un nouveau bâtiment scolaire pour l'École Decroly l'Ermitage, une école privée élitaire progressiste qui avait été créée
en 1907 à Bruxelles par le Dr Ovide Decroly. D'une part, l'ancien bâtiment était en piteux état et, d'autre part, on craignait que l'école ne devînt trop petite à cause de la croissance du nombre d'écoliers. L'école, qui était le coeur de la rénovation de l'enseignement belge au cours de la première moitié du vingtième siècle, ne disposait toutefois que de peu de ressources financières.
Les "Decrolyens" furent dès lors contraints d'organiser une campagne de collecte de fonds outre-mer qui semble s'être soldée par un échec. Le projet de construction s'inscrivait également dans le cadre de la grande campagne de propagande que les Decrolyens voulaient mettre parallèlement sur pied afin de diffuser la "méthode Decroly". Leur bâtiment scolaire (tout comme leur méthode d'enseignement) aurait pu servir de modèle à la construction (et à la gestion) des écoles de l'avenir, en Belgique et à l'étranger. Le discours des "Decrolyens" sur le caractère élitaire et le rôle pionnier de leur école se reflète de manière flagrante dans les conceptions architecturales idéalistes et idéologiques, présentes dans divers croquis intermédiaires, plans de construction non exécutés, descriptions et notices d'accompagnement. Le projet de 1946 n'est toutefois pas une simple traduction de la méthode d'enseignement de Decroly; Braem y a également intégré son idéologie et sa vision de l'architecture "véritablement moderne". La "véritable" architecture moderne était à ses yeux le levier permettant de réaliser une société socialiste libérée. Avec ce projet, les deux parties cherchaient tant à se profiler qu'à s'insurger contre les conceptions architecturales existantes, les pratiques d'enseignement prépondérantes, les images dominantes de la société et de l'être humain. Il n'est dès lors pas étonnant qu'ils aient présenté cet "acte de résistance" comme une rupture nette avec les bâtiments scolaires rationalisés et standardisés de l'époque; les anciens temples dans lesquels on pratiquait l'ancienne croyance. Le projet ne fut jamais réalisé; il resta dans les mémoires à l'état de trace d'un rêve d'avenir nouveau et différent.

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